VIASANTÉ Mutuelle poursuit son engagement dans la lutte contre le cancer en finançant un projet de recherche de l’Institut Curie. Explications de Stéphanie Descroix, directrice adjointe de l’unité de recherche physique des cellules et cancer (CNRS/Sorbonne Université).
Quel est votre projet de recherche et en quoi peut-il permettre le développement de traitements personnalisés ?
Stéphanie Descroix. Mes travaux portent sur l’amélioration de la compréhension et de la prise en charge des cancers du sein grâce au développement de tumeurs sur des puces microfluidiques. Ce sont des technologies conçues pour reproduire certaines caractéristiques cellulaires, biochimiques, physiques et physiologiques des organes et tissus humains.
Il faut d’abord prélever des tissus sur les tumeurs des patients, puis les cultiver in vitro dans ces puces qui reconstituent le micro-environnement tumoral. Ensuite, des tests fonctionnels sont effectués directement sur la puce afin de déterminer quel traitement anticancer est le plus efficace. Ces tests nous permettent d’obtenir la réponse dynamique des tumeurs aux traitements et pas seulement via des approches d’analyse biomarqueurs.
Quels sont les avantages de cette approche ?
S. D. Les tests fonctionnels, qui sont développés, visent à aider la décision clinique. L’utilisation des tumeurs sur puce présente un avantage majeur qui est le temps entre le prélèvement de la patiente et la réponse donnée aux cliniciens. Il serait a priori de moins d’une semaine et donc parfaitement compatible avec la pratique clinique.
Quelles sont les prochaines évolutions ?
S. D. Nous avons déjà montré que nous pouvions développer le dispositif à partir de tumeurs de patients issues du prélèvement de pièces chirurgicales. Nous sommes dorénavant en train de développer des tumeurs sur puce compatibles avec les biopsies, ce qui représente une miniaturisation considérable.
Nous menons également une étude comparative entre les modèles in vivo et les puces. Cela nous permettra de valider la pertinence de l’utilisation des tumeurs sur puce comme avatar de patients (système in vitro qui mime la réponse du patient).
Dans les années à venir, nous effectuerons un essai clinique qui permettra, nous l’espérons, de démontrer le potentiel de ces tumeurs sur puce à sélectionner le meilleur traitement pour chacun. L’étape suivante sera l’implémentation en clinique de ces dispositifs et leur application à d’autres types de cancer.
Crédit photo : Jonathan Deekwe-Candale/Institut Curie
Légende : Le docteur Stéphanie Descroix est la spécialiste des organes sur puces, domaine récent qui promet de révolutionner la compréhension des pathologies comme le cancer du sein.